Le royaume de la survie
Je n'aime pas beaucoup les gens de la classe moyenne. Je ne les aiment tout simplement pas, et c'est à cause de mon milieu. Ils ont tendance à devenir arrogants très vite. Leurs plans d'épargne retraite sont sur le dos de mes frères, de mes pères, des gens comme ça. C'est la raison pour laquelle ils gagnent de l'argent sur le marché boursier, parce que ces gars en bavent et se défoncent toute la journée pour produire la richesse que d'autres gardent... •
Le Diable et Monsieur Obama
Hé, regardez ça ! Une invitation de mes camarades rosbifs à récapituler la première année de mandat de Barack Obama1. Et bien camarades, je peux le faire de deux façons. Je peux simplement déclarer que le grand espoir café-au-lait s'est avéré être un cheval de Troie pour Wall Street et le Pentagone. Ou je peux faire provision pour la nuit d'un stock de tequila, de citrons verts et de joints, et gerber toute la misérable histoire comme un vers solitaire congolais de quelques cinq mille mots, purgé à la tequila. C'est ce que j'ai choisi de faire •
Combien de liberté un homme peut-il supporter ?
La liberté existe sous de nombreuses formes en Amérique, et de nouvelles formes sont constamment créées.
La dernière est d'être libéré de la sécurité financière de base.
L'économie affaiblie a donné aux affairistes une excuse pour, comme ils disent, laisser partir les travailleurs
.
Ce qui sonne comme si les sociétés étaient en train de donner aux employés une sorte de liberté :
Vas-y George, vingt ans au boulot c'est bien assez long, alors fiche le camp d'là.
Fais-toi plaisir !
•
La valeur divertissante de buter mamie
Chaque jour je reçois des lettres me demandant de peser dans la bagarre pour le système de santé. Comme si un écrivain beauf armé d'un clavier, d'un paquet de clopes et de toute la désinformation et tout le vitriol disponible sur l'internet pouvait contribuer en quoi que ce soit à la tempête de merde déjà en route. Par ailleurs, mon point de vue irraisonné mais bruyant sur le sujet est souvent aussi bienvenu qu'un prout dans une combinaison spatiale. Rien de cela ne m'ayant jamais empêché de me faire passer pour un imbécile dans le passé. Alors voici... •
Un vide-grenier à Tchernobyl
C'est seulement un système, a-t-elle dit, tandis que nous flottions à travers les rues intérieures tentaculaires, étincelantes de marchandises, du supermarché.
C'est l'enfer !
C'est un sacré bon Dieu d'enfer à zombies, de gaspillage et de gloutonnerie
, ai-je pensé pour moi-même, avant que le vertige habituel m'enveloppe complètement.
De retour des marchés d'Amérique centrale, simples et intelligibles, des bodegas et des vendeurs ambulants, l'effet de ce lieu de commerce américain des plus communs était, comme toujours, un vertige.
Des battements lumineux à vous casser la tête sur des pyramides d'œufs en plastique, comme si c'était pour... •
La maison vers le nord
J'ai regardé le discours inaugural d'Obama par dessus une assiette de riz, de haricots et de tortillas mangés avec les doigts, dans un rade à toit de paille au Bélize. Ce qui est sacrément bio et ethnique, mais je serai le premier à admettre qu'un seau d'ailes de poulet pimentées et un paquet de six canettes glacées auraient été largement préférables à cette pâtée. Et tout comme les Garífunas, les métisses et les créoles ici regardant Obama, j'ai eu la gorge serrée par moments. Après tout, je suis toujours un Américain — bien que réticent — et (malgré l'opinion d'une paire d'ex-épouses) un être humain.
Mais contrairement à la plupart des autres villageois présents, je comprenais aussi que... •
L'attrape-couillon appelé espoir
Nous venons de conclure une élection dans laquelle les deux partis parlaient d'espoir, chacun plus que l'autre. L'espoir, cette croyance obscure et indéfinie que quelque force inconnue, peut-être Jésus, ou la science moderne, ou un grand dirigeant politique, ou autre — une force jusqu'à présent inconnue — inversera notre condition nationale ou personnelle... nous délivrera de ce que chaque parcelle de preuve indique être irréversible... •
Un temps de vieux chiens
Tard dans la nuit, à travers ma fenêtre près de l'ordinateur, je peux voir mon voisin Stokes se rendre à bicyclette à dix heures du soir à l'épicerie pour acheter des provisions. Non seulement c'est une façon coûteuse de se nourrir, mais c'est la seule façon pour le vieux Stokes de se procurer un peu de bouffe sans être jeté en prison. Sérieusement. En tant que délinquant sexuel condamné, il n'est pas autorisé à... •
Tempêtes de merde médiatiques et réalité de l'Amérique profonde
Il semble ne pas y avoir de fin à la médiocrité médiatique que nous devons supporter dans ce pays.
En ce moment nous avons la tempête de merde Obama-armes-Dieu-amertume
, avec la merde qui se déverse des mêmes dalots médiatiques (les dalots sont les conduits d'évacuation des eaux usées sur les flancs des navires) que d'habitude... •
Neuf milliards de petits pieds
Le vacarme d'enfants criant et riant est le bruit de fond du tiers-monde. Au Bélize, comme dans la plus grande partie du tiers-monde, quarante cinq pour cent de la population a moins de seize ans. Une douzaine environ sur ces quarante cinq pour cent s'agglutinent autour de moi tandis que je... •
Récolter le vote de pacotille
Je sais que c'est sacrément antipatriotique, mais je n'arrive pas à bander pour les élections américaines de 2008. C'est à dire : je n'ai pas lu ou entendu un mot dessus en une paire de semaine et je me fiche que Hillary ait montré publiquement de l'émotion ou pas, ce qui était la grande nouvelle quand je suis parti des États-Unis. La volonté n'y est pas. Et c'est encore plus difficile d'ici, dans ce village d'Amérique Centrale où... •
Le grand lavage de cerveau des médias américains
Inutile de le dire, les docteurs du Moyen-Orient accusés de terrorisme en Écosse pourraient bien être furieusement coupables. Mohammed Asha pourrait être un autre de ces métèques terroristes standards qui, comme nous le savons tous à présent, se délectent à l'idée de la prison ou peut-être de faire exploser leur... •
Évadé de l'Amérique
Il est près de minuit et les chiens qui dorment dans le sable sous ma cabane, Rex et Pluto, émettent des grognements gargouillants, comme s'ils poursuivaient des lapins imaginaires dans leur rêves. Je suis étendu au lit, juste inspirant et expirant, et je me sens si libre que j'ai ri tout haut une paire de fois ce soir, une chose que je n'avais jamais fait de ma vie. Du moins pas en regardant le plafond. Demain je ne m'inquiéterai pas de... •
Le fou et les sédatifs : dans le théâtre de fer
Personne ne le dit à haute voix, mais quelques millions d'Américains doutent sérieusement de leur santé mentale ces temps-ci. Ou bien on doute de leur santé mentale. Ou les deux. Ils disent rarement ce qu'ils pensent car ce qui se passe là-dedans est une vision de la société qui engendre un doute grave, sinon une horreur totale. C'est le genre de chose qui vous ferez virer de l'île en un clin d'œil. Personne ne veut en entendre parler... •
Les gens de Roy
Le Shenandoah n'est pas un bar. Ce n'est pas un pub. C'est un rade à bière. Le genre qui ne fait de commerce qu'en espèces et gratte dur pour chaque centime qu'il rend. Et récemment, c'est presque le seul endroit de ma vie assez ralenti et abêti pour que je me relaxe honnêtement. Cela prend une paire d'heure. Presque tout le monde ici ce dimanche matin... •
Méditations depuis la zone de la bière au rabais
On pourrait dire que mon ami Virgil Jenkins est un érudit et un observateur perspicace de la culture américaine. On pourrait dire qu'il a poli sa compréhension de l'Amérique par des décennies de lecture sérieuse et de méditation. Mais ce serait un sacré mensonge. La plupart du temps, Virgil fait exactement ce que je fais : boire, causer et regarder la télévision. Pourtant, la vérité humiliante de la situation est celle-ci... •
Sous le manguier bleu
Une fois qu'on a pris conscience que des enfants meurent dans le tiers monde en conséquence indirecte de nos choix les plus simples tels qu'acheter des sacs en plastique Ziploc ou de l'eau en bouteille, ou de conduire une voiture, la vie change pour n'importe quel Américain approximativement moral. L'inconfort s'installe, une culpabilité harcelante qui ne fait qu'enfler avec le temps jusqu'à ce que finalement... •
La vengeance des corniauds
Il y a plusieurs années je travaillais dans un élevage industriel de porcs appartenant à la tribu des Indiens Cœur d'Alène dans le nord de l'Idaho. L'endroit puait les truies gestantes mortes et pourrissantes que nous découpions pour les sortir des cases de mise bas — élevées à mort dans la course à la production de porc. Et ça puait les énormes bassins qui retenait des millions de... •
Une putain assise sur plusieurs eaux
C'est le langage sophistiqué et le charme des romans pour adultes les plus vendus d'Amérique, célébrant le nettoyage ethnique des non-chrétiens des mains du Christ. Si un musulman devait écrire une version islamique du dernier volume de la série Left Behind... •
Un dernier coup de pied aux chiens libéraux — juste pour les entendre aboyer
Beaucoup de libéraux américains croient que la classe laborieuse les considère comme l'ennemi — qu'elle a un stéréotype des libéraux vus comme un tas de quasi-pédés sur-instruits descendant des cappuccinos au Starbucks ou tartinant du brie à une séance de... •
Covoiturer avec Adolf Eichmann
L'une des choses les plus inquiétantes dans ce pays est que les personnes suivantes sont considérées comme parfaitement saines selon les standards américains : Dick Cheney, Arnold Schwarzenegger, Deepak Chopra, Bill Clinton, Oprah Winfrey, Pat Robertson, Grover Norquist et Michelle Malkin. Voyez-vous quelqu'un dans cette liste qui... •
Buvons aux classes baveuses
Je me suis arrêté chez Larry, Essence & Boustifaille pour
mon habituel plein de café du trajet matinal, et là, que je sois damné !
Il y avait Poot, mon ami de 130 kg, travaillant au comptoir.
J'ai dit : Qu'est-ce que tu fous à encaisser mon café dans cette baraque pourrie ?
T'es censé être soudeur, gros gars !
Dimanche dans un État rouge
En effet, Cracker Barrel doit être la chaîne de restaurant au nom le plus approprié d'Amérique. La dernière fois que j'y suis entré avec un ami noir pas d'ici, presque toutes les têtes se sont tournées à l'unisson vers nous. Mon ami a jeté un regard à la tapisserie de faces blanches porcines et a dit... •
Une république de vendeurs de cornichons
Quand mon vieil ami Dickie Holme m'a dit que la bonne noire, Vernie, qui l'a élevé pendant que sa famille était occupée à voler la moitié du comté, cuisinait toujours le dîner de Noël chez lui chaque année, j'ai presque craché ma vodka tonic sur le devant de sa chemise de badminton Yonex.
Djizus Christ, Dickie, elle a...
•
Un fossé méchant et profane
La chose la plus dure à saisir pour les libéraux américains communs est quel endroit vraiment politisé et haineux est devenue une grande partie de l'Amérique — un long et méchant fossé dominé par les chiens sauvages où les normes de la civilité ne s'appliquent plus. La seconde chose la plus dure pour les libéraux est d'admettre qu'ils sont... •
Diner avec les rhinocéros
Grâce à un ami sur l'internet, j'ai récemment redécouvert la pièce d'Eugène Ionesco, Rhinocéros — celle dont le sujet est d'être pleinement humain dans un État totalitaire. Bérenger, le protagoniste de la pièce, est un humaniste échoué dans une société dont les membres deviennent lentement des... •
Suspendus à la fin des temps
Depuis la réélection de George Bush, les fêlés chrétiens ont monté une attaque contre mon pâté de maison. Depuis cinq ans que je vis dans ce quartier je n'avais jamais eu ne serait-ce qu'un témoin de Jéhovah frappant à la porte. Mais le matin de samedi dernier... •
Nuit de karaoke dans l'Amérique de George Bush
Je sais que cela fait de moi un dinosaure, mais je pense toujours qu'il y a beaucoup à apprendre dans les petits bistrots de quartier d'Amérique.
J'appelle ça mon programme apprendre en buvant
.
Voici des choses que j'ai apprises au bistrot Chez Burt... •
Notre président est-il cinglé ?
Si on met des grenouilles vivantes dans une bouilloire d'eau froide sur le feu, puis qu'on élève la température très lentement, les grenouilles finissent par bouillir à mort sans chercher à s'échapper, à ce qu'on prétend. Je ne sais pas si c'est vrai, mais cela semble l'analogie parfaite, sinon éculée, pour... •
Fils d'un dieu ouvrier
Ma ville natale est l'un de ces bourgs pourrissant de la côte est qui fait se demander aux gens de passage :
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Mayberry aux États-Unis sous crack ?
Le centre-ville vieux de deux-cent-cinquante ans est un caillot infectieux de maisons délabrées découpées en appartements et en commerces merdiques.
Son pourtour de banlieues est... •
Le royaume caché
Il n'y a pas longtemps j'ai garé ma voiture à côté d'une petite église dans les bois, une boite en bois blanc éclatant que ma famille a construite en 1840. Et comme toujours, un authentique frisson m'a traversé, à cause des fantômes ancestraux qui vraisemblablement planent au dessus de ces tombes. Par la porte d'entrée grande ouverte... •
Somnambuler jusqu'à Falloujah
Chaque jour travaillé je prends la direction de Washington DC par la route 7, où des slogans patriotiques guerriers sont peints à la bombe sur les ponts, et où des pancartes faites maison dépassent du terre-plein central pour soutenir nos garçons en Irak
.
Des camions de chantier boueux passent en trombe avec des drapeaux effilochés claquants dans le vent, chargés de barbus baraqués, et ressemblant beaucoup aux images de l'Afghanistan ou de l'Angola sans les mitrailleuses de 12,7 mm sur affût.
Hier j'ai vu mon premier... •